An anthology of 320 poems. Discover Chinese poetry in its golden age and some of the greatest Chinese poets. Tr. by Bynner (en).
Who is lovelier than she?
Yet she lives alone in an empty valley.
She tells me she came from a good family
Which is humbled now into the dust.
...When trouble arose in the Kuan district,
Her brothers and close kin were killed.
What use were their high offices,
Not even shielding their own lives? –
The world has but scorn for adversity;
Hope goes out, like the light of a candle.
Her husband, with a vagrant heart,
Seeks a new face like a new piece of jade;
And when morning-glories furl at night
And mandarin-ducks lie side by side,
All he can see is the smile of the new love,
While the old love weeps unheard.
The brook was pure in its mountain source,
But away from the mountain its waters darken.
...Waiting for her maid to come from selling pearls
For straw to cover the roof again,
She picks a few flowers, no longer for her hair,
And lets pine-needles fall through her fingers,
And, forgetting her thin silk sleeve and the cold,
She leans in the sunset by a tall bamboo.
Bynner 10
Il est une femme qui, par sa beauté, l'emporte sur les générations passées, comme sur la génération présente ;
Elle vit dans la solitude, au fond d'une vallée déserte.
Elle se dit : Je suis fille d'une maison illustre ;
Tombée dans le malheur, c'est aux lieux sauvages que je demande un asile.
De grands désastres ont ensanglanté ma patrie,
Mes frères aînés et mes frères cadets sont morts égorgés ;
Ils étaient grands, ils étaient puissants parmi les hommes,
Et je n'ai pas même pu recueillir leur chair et leurs os pour les ensevelir.
Les sentiments du siècle sont de fuir et de haïr tout ce qui tombe,
Se croire assuré de quelque chose, c'est compter sur la flamme d'une lampe qu'on promène au vent.
Mon époux n'a ni force ni grandeur ; il est comme les gens du siècle ;
Que sa nouvelle épouse soit belle comme le jade, et cela lui suffit.
L'oiseau youèn2 n'abandonne jamais sa compagne :
La fleur du soir3 est toujours fidèle à la nuit.
Mon époux ! Il a devant les yeux le sourire de sa nouvelle femme ;
Est-ce qu'il entendrait les pleurs de celle qu'il ne voit pas !
L'eau de source se maintient pure, tant qu'elle demeure dans la montagne ;
Mais qu'elle s'épanche au-dehors, elle perd bientôt sa limpidité.
J'envoie mes femmes vendre au loin les perles de ma parure,
Et ne m'adresse qu'aux plantes grimpantes, pour réparer ma maison de roseaux.
Mes femmes m'apportent des fleurs, je refuse d'en orner ma chevelure ;
Ce que je prends à pleines mains ce sont des branches de cyprès4.
Le ciel est froid. Les manches de ma robe bleue sont légères.
Quand le soleil se couche5, je cherche un abri sous les grands bambous.
1. Cette pièce fut écrite à la suite des guerres civiles qui déchirèrent l'Empire, et des sanglantes révolutions de palais qui en furent la conséquence, durant les dernières années du règne de Ming-hoang-ti. Une jeune femme appartenant à quelque grande famille proscrite, que son mari abandonne lâchement après la chute des siens, et qui supporte avec fierté le malheur, tel est, le sujet. Mais bien que le poète ait eu sans doute en vue quelque trait particulier de l'histoire contemporaine, les commentateurs demeurent muets à cet égard.
2. Voir n. 2, p. 149.
3. La belle-de-nuit.
4. Le cyprès est en Chine, comme chez nous, l'arbre des cimetières, le symbole du deuil et de l'affliction.
5. Allusion à la chute de l'empereur, qui parut imminente.
Voir d'autres traductions françaises.
Hervey 32
300 Tang poems – Tang Shi I. 1. (10) – Chinese on/off – Français/English
Alias Tang Shi San Bai Shou, Three Hundred Poems of the Tang Dynasty, Poésie des Thang.
The Book of Odes, The Analects, Great Learning, Doctrine of the Mean, Three-characters book, The Book of Changes, The Way and its Power, 300 Tang Poems, The Art of War, Thirty-Six Strategies
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